Introduction
Le référentiel comptable international mais également français est entré depuis le début des années 2000 dans une phase de profonds questionnements et révisions, sous l’impulsion du normalisateur comptable national (ANC) et du normalisateur international (IASB) (Hoarau, 2013).
Plus précisément, l’ANC en France et l’IASB au niveau international ont entamé des chantiers d’envergure visant à faire évoluer en profondeur les normes et standards comptables. Les évolutions rapides de l’économie rendaient en effet nécessaire une adaptation du modèle historique de représentation financière des entreprises. Ces travaux ont conduit à la publication de nouvelles normes majeures impactant les règles d’évaluation, de comptabilisation et de présentation des états financiers des entreprises. L’enjeu est de taille, qu’il s’agisse d’améliorer la pertinence de l’information financière ou de transformer en profondeur le fonctionnement des services comptables.
Concrètement, ces nouveaux textes introduisent des changements structurants dans la manière de valoriser les actifs, de constater les passifs ou de publier les états de synthèse. Les impacts organisationnels et technologiques sont colossaux pour permettre aux directions financières de respecter ces normes en constante évolution. Il s’agit rien de moins que de refonder le modèle de représentation de la performance économique des entreprises via l’information financière, dans une logique de meilleure adéquation aux fondamentaux business models de l’économie contemporaine.
Chapitre 3 : Analyse fine des incidences sur les états financiers
Section 1 : Impacts détaillés sur les comptes annuels
Paragraphe 1 : Incidences sur le bilan et le compte de résultat
1. Présentation du bilan modifiée
De nouveaux sous-totaux et postes spécifiques font leur apparition au bilan pour distinguer les actifs/passifs d’exploitation et mieux traduire les droits et obligations attachés aux contrats commerciaux (Ministère de l’Economie, 2022).
Par exemple, les montants relatifs aux contrats clients et fournisseurs sont isolés dans des postes dédiés. Cette présentation améliorée reflète mieux la nature opérationnelle des créances et dettes commerciales, aidant à l’analyse financière.
2. Contenu du compte de résultat enrichi
Le compte de résultat est également impacté avec l’ajout de lignes visant une meilleure ventilation des natures de charges, un résultat exceptionnel individualisé, ou encore une présentation plus détaillée de certaines catégories de produits (CE, 2022).
La distinction des charges par destination sera bénéfique pour des comparaisons plus pertinentes. Le résultat exceptionnel permettra de mieux analyser la profitabilité opérationnelle récurrente. La granularité accrue des produits financiers favorisera aussi une interprétation plus juste de la performance.
Paragraphe 2 : Elargissement du contenu de l’annexe 1. Informations complémentaires étendues
L’annexe doit désormais fournir des données étoffées sur des thématiques comme les transactions avec les parties liées, les engagements de retraites, les instruments financiers ou encore les honoraires de commissariat aux comptes (CE, 2022).
Ces informations inédites et détaillées sur des zones de risque en matière de gouvernance, retraites ou instruments de taux améliorent considérablement la transparence pour les actionnaires et les experts-comptables.
2. Amélioration de la transparence
Cet enrichissement vise à accroître la transparence vis-à-vis des actionnaires et des tiers sur des éléments participant à une appréciation plus juste de la situation financière (Barthe et al, 2020).
L’annexe des comptes devient ainsi un véritable outil de communication financière, tendant vers l’exhaustivité des informations utiles à une analyse éclairée de la performance et des risques de l’entreprise.
Conclusion
Portées par les critiques du modèle traditionnel et la pression des parties prenantes, les profondes mutations des normes comptables redessinent les contours de l’information financière. Deux grandes forces motrices expliquent cette évolution :
D’une part, la remise en cause du modèle comptable historique, de plus en plus déconnecté de la réalité économique des entreprises. D’autre part, les demandes pressantes des parties prenantes pour des données plus pertinentes sur la performance.
Ces facteurs impulsent des révisions en profondeur des référentiels autour de nouveaux paradigmes visant une représentation financière plus juste et plus utile pour les investisseurs et les créanciers. Au-delà de la conformité, leur appropriation améliore la transparence et la qualité de l’information financière.
Bien exploitée, cette convergence accélérée des normes comptables peut devenir un puissant levier au service d’une communication financière moderne, gage de confiance et créatrice de valeur partenariale.